Pour avoir des photos surexposées légèrement...

Actualité et astuces concernant les différents logiciels? Monter un portfolio sur le net? Un lien vers un site parlant de techniques de post-traitement? C'est ici.

Pour avoir des photos surexposées légèrement...

Messagepar mawoui » 26 Nov 2014 20:23

J'ai une question de débutante!! Comme je préfère mes photos légèrement surexposées (et comme elles sortent toujours plus sombres quand je les fais imprimer!), je me demandais si j'étais mieux de les photographier en les surexposant légèrement ou de les traiter en post-traitement. Actuellement, je fais la deuxième option, mais je me demandais ce qui était le mieux.

Aussi, sur la façon de faire. Dans Lightroom, je préfère augmenter le "brightness" que l'"exposure" parce que j'avais lu que ça risquait moins de brûler les zones lumineuses. ET vous que faites-vous?

Et tant qu'à y être... comme je les aime toujours un plus lumineuses et un peu plus contrastées, j'avais mis une configuration qu'à l'importation mes photos étaient automatiquement retouchées. J'ajuste par la suite une à la fois. Est-ce une bonne idée? Vous vos paramètres d'importation, ça dit quoi?
mawoui

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Re: Pour avoir des photos surexposées légèrement...

Messagepar Sargentray » 27 Nov 2014 09:10

Salut mawoui, voilà une excellente question dont tous les forums photos ont fait le tour plusieurs fois car l'exposition correcte est l'essence même de la photo et c'est tout aussi vrai sinon plus en photographie numérique à cause du fonctionnement des capteurs modernes. Je veux bien donner mon avis à nouveau et partager ma façon de faire puisque ça recoupe un peu la thématique des courbes de niveaux dans photoshop viewtopic.php?f=79&t=66770 qui peuvent servir à corriger des problèmes d'exposition à la prise de vue.

Mais avant d'aborder la question il y a une grande distinction à faire entre le travail fait au format JPG et en format RAW à la prise de vue. En fait le format RAW est un format de capture brut des données et permet d'enregistrer toute les donnés sans aucune transformation ou compression au moment de prendre la photo ce qui assure une trés grande étendue des informations avec lesquelles travailler en post traitement. Tandis que le format JPG est un format compressé, contenant beaucoup moins de données car l'appareil photo a fait le traitement de l''image dans le boîtier selon les paramétres de prises de vues choisies par l'utilisateur. C'est une méthode beaucoup plus rapide qui permet entre autres aux journalistes, photographes sportifs etc. de diffuser rapidement leurs photos sur le web ou les envoyer à leurs médias. Toutefois il n'a pas beaucoup de lattitude et demande une exposition, balance des blancs, ajustement de la saturation etc quasi parfaite car une fois en post traitement il est impossible de corriger les photos en profondeur. Au mieux on peut modifier un tout petit peu l'exposition, la balance des blancs et la saturation, mais vraiment juste un peu. Une photo trop sombre restera trop sombre en JPG même si on essaie ben ben fort de récupérer en post traitement. Ce qui n'est pas le cas en RAW ou on peut récupérer parfois jusqu'à 3 stops d'exposition.
C'est donc le format le plus prisé par les photographes désireux de tirer le maximum des photos qu'ils prennent. Sans rien enlever au JPG qui a son utilité dans certain processus de travail, c'est un format qui demande assez d'expérience afin de bien le contrôler en situations difficiles. Le débutant dans ce format risque de frapper un mur lorsqu'il se retrouve en situation de fort rétro éclairage par exemple ou la seule solution peut être d'utiliser un flash en fill in, un réflecteur ou carrément changer l'angle de la prise de vue afin de contourner la difficulté.
Je recommande donc de toujours travailler en RAW (sauf exceptions) et je vais poursuivre mes explications en prenant pour acquis que le lecteur a travaillé ou travaillera dans ce format.

La meilleure image mentale qu'on puisse se faire pour bien comprendre la différence entre le RAW et le JPG c'est de se dire que le JPG est l'équivalent du film diapositive du temps de l'argentique. Quand c'est bien exposé avec une belle balance des blancs c'est super beau et agréable à regarder, mais si c'est trop sombre , trop pâle ou que la BDB est fausse ben c'est pas mal fichu !

Je vais donc répondre tout de suite à ta question: il est toujours mieux sauf quelques exceptions ( low key ou ambiance particulières souhaitées) d'exposer sur la droite. En anglais on appelle ça expose to the right son achronyme populaire étant ETTR. En terme clair il est recommandé dans la très grande majorité des situations de sur exposer légèrement les fichiers RAW ce qui donne un histogramme dont l'ensemble des valeurs sont plus poussées sur la droite que sur une exposition dite " normale " ou l'ensemble des valeurs de l'histogramme seront centrées ou pire encore seront sur la gauche. La raison principale étant qu'un fichier un peu sur ex conservera beaucoup plus de détails dans les ombres mais aussi il contiendra moins de bruit numérique, car en photo numérique les capteurs fonctionnent de façon a transformer la lumière en impulsion électrique appellé signal et ce signal se dégrade d'abord et avant tout dans les zones sombres d'un fichier. Le remède est donc de sur exposer un peu afin d'augmenter la qualité du signal dans ces ombres en sur exposant ou si tu préfères en permettant d'envoyer plus de lumière dans les zones sombres. Tout ça s'exprime en terme de rapport signal vs bruit expression qui revient souvent en photo numérique particulièrement en photographie nocturne et les astrophotographes sont ceux qui maîtrisent le mieux cette notion. Mais le principe s'applique pour tout genre de photographie en numérique.

Toutefois même si ça peut sembler simple exprimé comme ça, la sur exposition contrôlée d'un fichier RAW demande un certain doigté car si on sur expose trop on va perdre définitivement les détails dans les hautes lumières de la scène. C'est la raison pour laquelle on doit toujours porter attention a notre histogramme quand on shoote, on le regarde souvent et on porte une attention toute particulière à la zone la plus à droite des colonnes qui représentent les hautes lumières afin qu'elles n'ailles jamais à l'extérieur du cadre d'afichage de l'histogramme.

Dans cet ordre d'idées il arrive souvent bien sur qu'une scène soit si conrastée qu'on ne puisse pas sur exposer du tout,c'est le cas bien souvent quand on fait du paysage et que le ciel comporte beaucoup de nuages blancs ou qu'il est couvert en entier par une couche nuageuse pâle. Ce sont des cas ou une importante partie de la scène est lumineuse et ou on doit en quelque sorte exposer pour les hautes lumières. C'est dans ces cas là que le format RAW vient à la rescousse du photographe avec sa grande lattitude qui permet de "sauver les meubles" et de récupérer les détails dans les basses lumières.

Ce qui m'amène au post traitement;

Tout d'abord la luminosité d'une scène est un concept pur ou mathématique si tu veux, dans ce sens si on expose bien une scène et qu'on se contente de la shooter bêtement en se fiant sur la lecture du posemètre de l'appareil ben on aura une image fidèle photographiquement parlant. Sauf que la plupart du temps ça donne une photo justement ordinaire. C'est l'interprétation créative du photographe qui rend la photo plus intéressante. D'abord son intervention à la prise de vue afin de capter le plus de détails que possible des différentes zones de la scène entre en jeu, puis son interpréaion de la scène se poursuit en post traitement.
Comme toi je préfère mes shots finales un peu plus lumineuses que ce que mon appareil a pu capter, j'aime ça aussi un peu plus saturé et mon post traitement est toujours fait en fonction de cette vision de départ.

Ici je vais répondre à ton autre question à savoir s'il est préférable d'utiliser le brightness ou l'exposure dans Lightroom; la réponse est ni l'un ni l'autre. Du moins dans la plupart des cas, simplement parce que l'une ou l'autre de ces techniques va modifier l'ensemble des valeurs de la photo. Ce qui revient à tasser tout l'histogramme sur la droite (ou sur la gauche). Parfois ça peut fonctionner si la photo ne comporte pas trop d'écart de luminosité entre les zones sombres et claires ( exprimée en contraste ou plage dynamique). Mais c'est justement rarement le cas et c'est pour ça que les ingénieurs de chez Adobe se sont donné tant de mal à inclure des fonctions permettant de modifier les ombres INDÉPENDAMMENT des hautes.

En bref 99% de mes photos ont demandées d'augmenter la luminosité des basses lumières et paradoxalement de baisser la luminosité des hautes. C'est pratiquement inévitable d'avoir à équilibrer ces 2 zones avec les curseurs de tons foncés et tons clairs dans Lightroom du moins pour les photos en extérieur ou cet équilibre parfait est rarement présent, à moins d'utiliser des flash ou réflecteurs d'appoint comme on le ferait en studio. C'est d'ailleurs plus facile en post traitement pour les photos prises en studio pour peu que l'on aie réussi à bien équilibrer l'éclairage sur le modèle. Mais les photos studio ce n'est pas le lot de tout le monde.

Après cet équilibrage hautes vs basses lumière souvent je vais aller jouer sur l'exposition et/ou brightness générale afin de rendre une luminosité agréable à mes yeux, mais il s'agit ici à ce stade d'un ajustement léger puisque déja les ombres et lumières ont été équilibrées.

Puis pour ce qui est des paramètres d'importation dans Lightroom bien sur que ça peut être une bonne idée de configurer des paramètres personnalisés en fonction de notre processus de travail. J'ai plein d'amis par exemple qui font beaucoup de spectacles et donc travaillent souvent dans des conditions d'éclairage qui se ressemblent. Ils ont peaufiné leurs importations avec un raffinement si grand qu'ils peuvent sortir 30 ou 40 photos de grande qualité en moins de 30 minutes sans avoir à faire de retouches profondes sur chacune de leurs photos. Mais si ils sortent de leur créneau et se retrouve a shooter du sport en extérieur par exemple ben ces paramétres prennent le bord car les conditions sont radicalement différentes. Ça ne fonctionne donc pas toujours.

Pour ma part j'aime prendre mon temps j'ai rarement à livrer des tonnes de photos rapidement alors mes paramètres personnalisés sont au minimum. Je préfère débuter avec un fichier le plus original que possible puis traiter une 1ère photo type et ensuite de copier/coller les paramètres de développement aux autres photos semblables de la série. Parfois ça demande d'en peaufiner quelques une dans le lot mais ça me sauve quand même du temps.

En terminant un mot sur le rendu des aperçus dans Lightroom.

En gros il faut comprendre que les caméras ont leurs programmes internes de fonctionnement qui leur est propre pour chaque compagnie. Ces programmes embarquent une programmation en usine conçue pour interpréter les données spécifiques de chaque appareils photo. Les algorithmes savamment préparées permettent à l'utilisateur de voir une belle image sur leur écran qui est somme toute une représentation assez fidèle de ce que le JPG aura l'air une fois sortie de la caméra et ce même si on shoot au format RAW, le hic c'est que lorsque l'on ouvre nos photos dans Lightroom ce dernier ne possède pas tous les algorithmes propriétaires de chaque compagnie de caméra il fait donc une interprétation générale des photos qu'il vient d'importer avec une recette standardisée du fabricant en l'occurence Adobe. Donc bien souvent et c'est mon cas avec ma caméra Nikon les photos importées dans Lightroom ont toute l'air sous exposées alors qu'elles ne le sont pas et ont même été légèrement sur exposés à la prise de vue. C'est ce phénomène qui pousse beaucoup d'utilisateurs de Lightroom à créer des paramètres d'importation comportant une correction de l'exposition afin d'avoir une belle bande de photos bien exposées. Pas de mal à ça mais c'est un peu superflu car si les photos ont été bien exposées même si les apercus sont un peu sombres les fichiers comprennent toute les données pour faire un bon post traitement.

Alors comme tu vois ce n'est pas une question simple et surtout il n'existe pas de recette magique, d'emblée il est préférable d'exposer sur la droite, mais souvent les conditions de la scène nous en empêchent et la solution réside alors davantage dans le post traitement. Il n'y a pas de guichet unique en la matière, ça dépend du sujet, de la lumière et au final de l'interprétation subjective et créative du photographe.
Personnellement même si les dernières versions de Lightroom permettent quasiment de faire toute les retouches voulues, je n'aime pas les pinceaux dans lr que je trouve parfois ardus à manipuler et je termine dans 95% des cas mes retouches dans Photoshop en applicant des couche et courbes de niveaux qui me permettent de peaufiner ces écarts de façon très fine.
Je te refile quelques liens d'abord un de mes tutos sur les couches et masques de fusion et ensuite une vidéo de Serge Rammeli ou il démontre bien la limite de la sur exposition en exposant pour le ciel en prise de vue dans des cas particuliers autant que la puissance des fichiers RAW.

En espérant que ça puisse aider un peu.

1-) http://youtu.be/hezpAoeiwJg

2-) http://youtu.be/l9_YuzmACx8
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Re: Pour avoir des photos surexposées légèrement...

Messagepar mawoui » 06 Déc 2014 11:05

oh wow!! merci pour cette réponse très complète!
Oui, je photographie déjà en RAW. Je suis déjà une convertie!! hihi!!

Merci pour le vidéo! Les calques je connaissais, mais pas les masques! Toute une révélation pour moi! Ça fera certainement toute une différence dans mes retouches!
mawoui

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